Medellín un lieu pas comme les autres 
Medellín un lieu pas comme les autres 

Medellín un lieu pas comme les autres 

Medellín un lieu pas comme les autres 

Notre première journée

Après avoir traversés une partie de la Colombie, nous sommes finalement arrivés à 6h30 du matin à Medellin.

À notre arrivée dans notre logement, ce qui nous a surpris, c’est le nombre de serrures, de grilles, de portes à ouvrir…. Et il en est de même pour les boutiques sur rue, où cette grille fait office de protection!

Seulement ce n’est plus qu’un vestige du passé, d’une époque récente où chacun se barricadait chez soi et craignait pour la vie de sa famille.

Medellin en 2017, était considérée comme la ville la plus dangereuse du monde autrefois.

Aujourd’hui, c’est une ville incroyable, avec ses plus de 2,5 millions d’habitants, car au détour des ruelles, on est surpris de voir cohabiter une ville colorée, dynamique, vivante dans tout les sens du terme, ainsi qu’une ville où l’histoire est marquée sur les vieilles pierres…, ainsi que sur les gens…

Pour se mettre dans l’ambiance doucement, nous avons parcouru le Musée antioquia.

Musée antioquia.

Le Musée d’Antioquia existe comme lieu artistique depuis plus de 100 ans. En 1977, le Musée a changé de nom et devint le Musée d’Art de Medellin, Francisco Antonio Zea. Un an plus tard, Fernando Botero a fait don de ses premières œuvres au Musée et proposa de modifier de nouveau son nom pour devenir le Musée d’Antioquia.

Je vous recommande la visite, car celle-ci vous permettra de voir des œuvres des artistes de la région qui permettront de mieux comprendre la culture « paisa », (Nom donné aux habitants de la région), ainsi que celles de Botéro.

Un oiseau de la Paix contre la violence

À quelques minutes de la Plaza Botero, se sont posés deux oiseaux quasiment identiques sculptés par Botéro. 

L’un est « blessé » et l’autre « rond, fier et vigoureux »…

Voici leur récit :

En juin 1995, lors du marché artisanal, 15 kilos de dynamite ont explosé devant la statue de l’Oiseau de Botero. Un bilan lourd : 30 morts et 200 blessés

La statue de l’Oiseau a été partiellement détruite et Botero a demandé à la municipalité de ne pas « enlever le squelette de la statue, parce que si on l’enlève, on va oublier une fois de plus… »

Il a donc refait une autre statue identique et la placée côte à côte avec l’ancienne, car c’était une façon pour lui d’avoir une certaine victoire face à cet acte terroriste.

Les restes de métal tordu demeurent en signe de rejet de la violence et en hommage aux victimes. 

La nouvelle statue fut appelée « L’Oiseau de Paix » aux côtés de la précédente communément appelée « El pájaro herido” (L’oiseau blessé), pour symboliser la renaissance de la ville et de sa population.

Quelquechose me frappe dans la ville et me montre en pleine face la douleur d’un passé.

Environ 3 600 personnes en Colombie ont subi une amputation en raison du conflit interne, et 26 % des ex-combattants ont été amputés.


Une ville qui nous incite à en connaître plus sur son histoire : direction Museo de Memoria

Deuxième journée, Musée de la mémoire

Il n’existe pas de vérité, il n’y a pas d’histoire complète. Chacun raconte de son point de vue, le rôle qu’elle a joué dans le réseau. Et à l’intersection, les récits sont transformés, enrichis, deviennent plus complexes.

L’exposition Medellin souvenir de violence et de résistance, est le tissu de versions d’une histoire, celle de la violence à Medellin, qui nous a tous touchés de loin ou de près,

Comme toutes les histoires, elle est incomplète, subjective et imparfaite. 

Mais c’est un récit à plusieurs voixcelles des victimes qui ont souffert d’une ou plusieurs formes de violence, celles des assassins parlant avec leurs actes, celles des témoins passifs mais non indifférents, qui racontent ses faits à la troisième personne, celles des acteurs sociaux et politiques qui ont conduit les événements à aller dans un sens ou dans un autre.

Ce musée, est dedié aux victimes du conflit armé qui a submergé la ville, mais aussi la Colombie entière, dans la violence dans les années passées. 

Ce lieu de mémoire, permet de comprendre l’histoire de Medellin, de ses habitants, des événements qui ont marqués la ville : ce côté sombre.

Mais il est aussi l’occasion de montrer de quelle manière la ville essaye de faire table rase du passé, et montrer la transformation de Medellin.

C’est avec une très grande émotion, que nous visitons ce musée avec Léa et Thomas. Les images et les faits sont là… impossible de faire abstraction de tout cela!

Quelques uns des médiateurs dans le musée ont été eux mêmes victimes, et n’hésitent pas à venir vers nous, si nous voulions plus d’informations.

Ce musée permet également de se rendre compte des efforts surhumains entrepris par la municipalité et par les habitants eux-mêmes pour y mettre fin.

Deux exemples de transformations marquantes sont la construction de bibliothèques dernier cri dans les quartiers les plus défavorisés ainsi que le déploiement d’un réseau de transport ultramoderne pour les rapprocher du reste de la ville. 

La maxime du maire est d’ailleurs : « les quartiers les plus pauvres méritent les meilleurs architectes.

Après ce moment fort, il était important pour nous de déconnecter.

Le jardin botanique

Ce parc au nom de Joaquín Antonio Uribe est un lieu d’escapade dans la nature au milieu de la ville. 

On y trouve la Maison des Papillons, le Patio de las azaleas et l’Orquideorama qui est une structure architecturale aménagée pour l’exposition de certaines espèces telles que les orchidées, les broméliacées, les plantes carnivores, les fougères arborescentes, etc.


Se ressourcer avec la nature, cela nous fait tellement de bien.

Direction les lignes du Métro câble

Un voyage se réalise, lorsque nous devenons nous-mêmes des habitants de ce lieu. Du coup, nous voulions traverser les quartiers de la même manière que les locaux : direction le metrocâble.

Véritable enjeu social et environnemental, Medellin a été la première municipalité à exploiter une nouvelle solution de mobilité urbaine en intégrant à son réseau dès 2004, une ligne de transport par câble aérienne. 

Cette nouvelle mobilité urbaine sur le principe du projet « proyecto de Ciudad » a permis de renforcer la cohésion sociale des territoires en reliant des secteurs longtemps isolés.

Le réseau de télécabines s’étend désormais sur 14 kilomètres directement connectés aux différentes lignes du Métro de Medellin par des gares multimodales. 

Chaque année ce sont plus de 220 Millions de personnes qui empruntent le réseau de transport de la ville.

Ce réseau de transport a permis de réduire le taux de criminalité en désenclavant les zones les plus pauvres qui étaient, jusque-là, aux mains des narcotrafiquants. 

Depuis 1995, une politique de reconquête spatiale et de lutte contre la pauvreté, s’exprime par le concept d’« urbanisme social ». 

Cet effort continu a été récompensé en 2013 par le prix de « la ville la plus novatrice », décerné par le Wall Street Journal et deux instituts d’urbanisme, devant New York et Tel Aviv.

Quatre lignes de télécabines permettent de transporter une moyenne de 70 000 passagers par jour.



Le troisième jour, La comuna 13

Accompagnés de notre guide français Ludovic, nous avons parcouru cette étonnante comuna 13, riche d’une histoire qui marquera à jamais la Colombie, pour 120 000 habitants.

Comuna 13 n’a pas toujours été le quartier sûr et merveilleux qu’il est aujourd’hui. Il y a quelques années de cela, cette partie de la ville de Medellín était un chef-lieu du trafic de drogue, où se dessine des visages d’enfants, de familles devenus à jamais des étoiles…

Nombre d’homicides en 1994, 7600 par an et aujourd’hui 394 par an.

Mais de nos jours, ce beau quartier prône fièrement sa libertéà travers le street art et le hip-hop, les habitants racontent l’histoire du quartier légendaire et l’espoir pour l’avenir.

De nombreux graffitis au pied de « L’Escaleras Electricas » (récents depuis seulement 2012), sont incroyables !


Parmi les plus célèbres graffeurs, il y a :

  • Perrograf qui a été à l’initiative du graffiti tour.
  • Takir graffeur francais
  • Cacique nutibara
  • Defos
  • Diez graffiti
  • Nuka
  • Liderazgo
  • Chota13
  • La crespa color (femme)
  • Bicho tdr
  • Dufer

Pour vous aider à vous situer dans l’histoire

Dans les années 1970, la population migra en masse vers les grandes villes pour échapper à la violence dans les campagnes de la Colombie. Les constructions irrégulières se multiplièrent alors à Medellín, notamment dans le quartier de San Javier, l’actuel Comuna 13. À cause de l’insécurité et du chômage, les gangs y prirent très vite de l’ampleur.

Les enlèvements, les extorsions, les homicides, les attaques à la bombe, et le commerce de stupéfiants devinrent le quotidien des habitants de San Javier, ainsi que des conflits sanglants entre l’État et les narcotrafiquants eurent lieu dans ce quartier.

Le conflit colombien était composé de quatre principaux acteurs, divisés en sous-catégories : 

  • les forces armées d’extrême droite (avec par exemple les paramilitaires), 
  • d’extrême gauche (tels les membres des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia: les FARC), 
  • les narcotrafiquants, 
  • et le gouvernement. 

Le dimanche 6 octobre 2002, l’État colombien lança l’Operación Orión pour lutter contre les cartels, avec des hélicoptères assaillent le quartier et plus de 1000 soldats de l’armée La commune se transforme alors en champ de bataille. Bilan d’après les données de l’état : en 3 jours, de 87 morts, 18 blessés, 350 détenus, mais aussi 95 portés disparus. Après, en réalité, ces chiffres semblent irréels…

Des années plus tard, grâce à l’action de ses habitants, la paix règne finalement à Comuna 13.

Chaque année, les familles des victimes de l’Opération Orión de 2002 s’y rassemblent pour rendre hommage à leurs proches disparus. 

Une autre réalité de cette vie est que depuis les hauteurs de la Comuna 13 domine la zone, dit Escombra, qui est en réalité un cimetière de corps non répertoriés, cachés, une fosse dans laquelle, dans les années 80-90, on a enfoui des centaines de victimes. 

Colline de déchets Moravia

Nous n’avons pas pu la visiter, faute de temps, mais il existe une immense butte de déchets, transformée aujourd’hui à un parc reposant…avec de nombreux projets sociaux.

Cette déchetterie à ciel ouvert, et dont la hauteur avait atteint plus de 30 m de haut,  date d’une époque où la ville balançait tout en vrac et où les plus pauvres tentaient de gagner leur vie en revalorisant ce qui pouvait l’être. C’est en étant sur cette déchèterie, qu’ils ont commencé à y construire leurs maisons, soit plus de 8000 personnes.

Il faut rappeler que Medellin est bâtie dans une vaste cuvette naturelle, dont les versants très pentus sont occupés par les populations les plus pauvres. Encore aujourd’hui, nous avons pu voir des enfants âgés entre 6 et 10 ans travailler…

En moyenne, le salaire moyen à Medellin en Colombie est de 261.54 €. La différence avec le salaire moyen en France est de 88%.

Des milliers d’hectares de favellas (selon le mot utilisé au Brésil) ou de barrios (en espagnol), sont devenus des zones de non-droit, contrôlées par les cartels de la drogue, dont celui de Pablo Escobar, qui fut un des piliers du trafic mondial de la drogue.

Aujourd’hui, pour éviter toute polémique avec des passants, vous n’entendrez jamais aucun guide nommer Pablo Escobar. C’est Voldemort, celui dont on tait le nom pour certain.

Medellin aura été l’un de nos coups de cœur, bien que les conditions de vie des personnes soient inimaginables, il règne ici une volonté de vivre, de colorer la vie, et de ne jamais oublier le passé.

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